À VOS CERVEAUX
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Comment tuer la démocratie

Un processus à désamorcer

Posté dans Sujets de société — le 2 juin 2015

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Qu’est-ce que la démocratie ? Le pouvoir du peuple, évidemment. Mais, le pouvoir du peuple par quelle représentation, quelle efficacité de représentation, puis quel genre de distribution du pouvoir ? Est-ce que c’est raisonnable et justifié d’être démocrate ? Est-ce que voter donne quelque chose ? Voici les solutions à ces questions d’extrême urgence. Mais avant d’arriver aux solutions, nous montrerons brièvement des processus historiques qui aboutissent éventuellement à la mort de la démocratie.

Pour tuer la démocratie : tuer le citoyen dans l’individu

1. Semant la confusion dans son esprit en lui faisant porter plusieurs chapeaux !

Tantôt « consommateur », tantôt « payeur de taxes », tantôt « travailleur », tantôt « patron », tantôt « chômeur », tantôt « femme », tantôt « homme », tantôt « ado », tantôt « baby-boomer », tantôt « riche », tantôt « pauvre », le citoyen est quotidiennement et constamment nommé selon plusieurs catégories auxquelles il appartient ou dans lesquelles il se reconnaît.

Cette situation est problématique puisque l’une des seules fois où on le nomme « citoyen », c’est quand il va voter, une fois aux 4 ou 5 ans. On l’appelle aussi parfois citoyen lorsqu’il participe à un « mouvement social citoyen », comme un mouvement de contestation de revendications écologique, social, communautaire, etc.

Ainsi, dans le restant de sa vie, le citoyen se perçoit lui-même non pas comme un citoyen appartenant à une collectivité, mais comme un individu avec une vie individuelle (travailleur la plupart du temps), ou quelqu’un qui fait sa petite vie dans la société, de façon passive, loin de la décision politique active.

Si le citoyen se disait quotidiennement qu’il agit en toute citoyenneté dans tous ses faits et gestes, déjà, la vie sociale serait différente, parce qu’un citoyen connaît ses droits et ses devoirs, alors qu’un travailleur connaît trop souvent la peur de son patron et l'obéissance à des logiques qui le dépassent. Or, le patron et le travailleur sont des citoyens égaux dans la « Cité », ce qui est très important (c'est écrit dans la loi !).

2. En le gavant d’information-poubelle, de divertissement, d’inculture et de légèreté, et en l’infantilisant (le rendant apolitique, ou presque)

Si tout le monde est citoyen dans la société démocratique, une bonne partie des citoyens ont de grandes difficultés à démêler le fonctionnement du niveau politique et les questions politiques elles-mêmes. C’est souvent simplement dû au fait que ces personnes passent trop souvent de temps à se divertir, à se vautrer dans la légèreté (téléséries, films, socialisation de base, fêtes, attentions esthétiques comme le gym, le magasinage, etc.) sans se poser, en tant que citoyen, les questions sérieuses qui occupent la vie de la Cité (société). Nous sommes dans la société de l’ « idiocratie », la société 20/80. Un article, très prochainement, paraîtra sur ce sujet spécifique sur À vos cerveaux.

Pour tuer la démocratie : installer un système de factions, les partis politiques

Nous avons écrit un article important à lire sur « La gauche, la droite et les partis politiques », où on explique pourquoi les partis politiques sont contre-productifs à une vraie démocratie, parce qu’il n’y a qu’un seul peuple, et que les partis politiques sont comme des équipes sportives qui se rentrent dedans frontalement, avec des dogmes à accepter en bloc, et des hiérarchies. (Nous avons résumé très rapidement ici, et il serait mieux d’aller le lire, où tout est beaucoup mieux expliqué.)

Pour tuer la démocratie : se tenir loin du système de représentation proportionnelle

La représentation proportionnelle, dans un territoire divisé par comtés, régions ou départements, permettrait aux plus petits partis politiques de gagner des sièges de députation lors d’une élection, en proportion du nombre d’électeurs ayant voté pour eux. Le fait est que, selon les découpages régionaux, certains partis peuvent obtenir 20% des suffrages totaux, mais ne pas aller chercher assez de votes PAR comté pour obtenir une représentation réelle passant par des députés élus. Ainsi, 20% des électeurs, dans le système actuel, ne seraient représentés par personne, alors que dans un système de représentation proportionnelle, il y aurait obligatoirement 20% des sièges à ce parti. On a pu constater, selon l’histoire, que le fait de ne pas mettre en place cette représentation proportionnelle avantage les « grands partis politiques » ; et en gros, le « bipartisme ». Le bipartisme est l’idée qu’il y a deux grands partis politiques qui s’échangent le pouvoir d’élections en élections, et par lesquels « rien ne change vraiment ».

Pour tuer la démocratie : en tant que parti prenant le pouvoir, ne pas suivre le programme dont on avait convenu, faire preuve de malhonnêteté et corruption

Pour en revenir au bipartisme, ce qu’on a d’ailleurs observé massivement en Occident dans les dernières décennies, les « grands » partis politiques se sont alignés sur les mêmes grandes lignes idéologiques : libéralisme économique, libre-échange, mondialisation, anti-nationalisme, austérité. Depuis le tournant des années 2000, les scandales de corruption se sont multipliés et l’image de crédibilité de la classe politique en général s’est grandement détériorée. De plus, les programmes ou promesses politiques faites en campagnes électorales se sont vues la plupart du temps reniés, et parfois même, le parti politique a fait tout le contraire de ce qu’il avait promis. Ainsi, en 2015, l’ « opération » de décrédibilisation du système démocratique actuellement en place est un succès, même dans les esprits les plus indulgents.

Pour tuer la démocratie : convaincre les plus engagés politiquement que voter ne sert plus à rien

Chez les citoyens engagés, ceux notamment participant à des mouvements sociaux, des manifestations, ou ceux qui veulent apporter à notre société des changements sérieux pour faire face aux enjeux en cours ou à venir (notamment la crise de la fin du pétrole), il n’y a plus rien à attendre du système politique en place. Pour ces citoyens, voter ne sert plus à rien. Encore pis, la démocratie elle-même, considérée comme un échec monumental, doit être dépassée, souvent par une révolution, ou par la fondation de micro-sociétés (dans un schéma anarchiste/libertaire, ou même, survivaliste). Le grand paradoxe ici est que, ces gens, souvent attachés corps et âme à la défense du peuple, à la défense de la justice sociale et du respect de la nature et de l’aspiration à une vie bonne, se coupent ainsi de leur devoir démocratique, alors que certaines franges de la population, souvent très en phase avec « le système politico-économique dominant libéral », vont voter « en bloc » (massivement)… Ainsi, c’est un cercle vicieux : en n’allant pas voter, ces gens-là contribuent à donner plus de poids aux électeurs qui vont voter, par loi mathématique simple : les électeurs n’allant pas voter ne comptant pas pour élire un gouvernement.

Ainsi, il est extrêmement dommage qu’une grande partie des citoyens les plus engagés soient convaincus qu’il ne sert à rien d’aller voter. On ne leur dira jamais que voter pour les grands partis politiques changerait quelque chose… mais, en n’allant pas voter, les choses ne font qu’empirer, et c’est aussi toute la structure institutionnelle de la démocratie qu’on peut parfois envoyer au diable par le fait même.

Pour tuer la démocratie : convaincre tout le monde que le système démocratique est un échec

La prochaine étape dans l’opération de décrédibilisation, s’il en est, sera de prouver que le système est inadéquat et inefficace. Ce sera donc la vraie mort de la démocratie, soit par un « effondrement » comme certains le prophétisent, soit par une « révolution » comme d’autres la prophétisent, soit par une inaptitude dans une crise financière ou politique ou une guerre d’ampleur.

Et là, qui sait si, dans 20 ans, on pourra entendre des phrases comme : « La démocratie est un système qui ne fonctionne pas. Regardez juste ce que ça a donné il y a 20-30 ans ! », tout comme on se fait rabâcher les oreilles sans cesse au sujet du fameux communisme : « Le communisme fonctionne pas ! Regardez ce qui s’est passé en Union soviétique ! C’est un échec cette idée-là. »

À la démocratie, plusieurs citoyens n’y croient plus aujourd’hui. Et pourtant, voici notre diagnostic :

Nous sommes présentement dans une crise majeure de la représentativité démocratique mais les structures fondamentales qui rendent possible la démocratie existent encore.

Cela étant, la démocratie ne sera réellement morte que lorsque les structures institutionnelles seront détruites : la Constitution démocratique, les institutions gérant les élections, etc.

Nous sommes peut-être à la croisée des chemins.

Référons-en à l’un des hommes les plus puissants du monde, David Rockefeller, fondateur de la Commission Trilatérale, du Groupe Bilderberg, et descendant du fondateur d’une des plus grandes compagnies pétrolières au monde (Standard Oil, ou ESSO) John D. Rockefeller. David nous dit, dans ses mémoires :

Quelques-uns croient même que nous (la famille Rockefeller) faisons partie d’une cabale secrète travaillant contre les meilleurs intérêts des É-U, caractérisant ma famille et moi en tant qu’internationalistes et conspirant avec d’autres autour de la Terre pour construire une politique globale ainsi qu’une structure économique plus intégrée – un seul monde si vous voulez. Si cela est l'accusation, je suis coupable et fier de l’être.

Puis en 1991 :

Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, Time Magazine et d'autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer nos plans pour le monde si nous avions été assujettis à l'exposition publique durant toutes ces années. Mais le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à entrer dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d'une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l'autodétermination nationale pratiquée dans les siècles passés.

Qu’est-ce ici, que « l’autodétermination nationale des siècles passés » ?

Rockefeller fait référence à la démocratie réelle exercée par chaque peuple, s’auto-déterminant dans le présent et l’avenir.

Or, Rockefeller, on l’a vu également, est un mondialiste. Nous sortirons très prochainement un article s’intitulant « Le mondialisme », où l’on expliquera plus spécifiquement cette idéologie politique, mais l’essentiel de la volonté du mondialisme est l’instauration d’un gouvernement mondial, avec une Constitution mondiale et donc, un système de loi normalisé qui s’appliquerait sur chaque individu de la planète, et comme nous le dit Rockefeller : dirigé par une « élite intellectuelle » et une « élite bancaire », dont probablement Goldman Sachs, Chase Manhattan Bank (la banque de Rockefeller), le FMI, la Banque mondiale, la City et les autres. Bref, un système total (donc totalitaire), qui serait le prolongement de la logique néo-libérale en cours, où le pouvoir de chaque nation à être maître de son propre destin serait dorénavant rendu impossible, car même plus légitime.

Enfin, la solution

Il ne nous faut pas moins d’État, comme diraient certains, mais il nous faut MIEUX d’État. Il nous faut plus de démocratie, donc il nous faut plus de citoyenneté dans les cerveaux. Les gens doivent mieux comprendre qu’ils sont citoyens, qu’ils font partie d’une collectivité populaire, et que tous ensembles, nous travaillons à construire cette société, par notre activité de travail, de création, ou de présence humaine, d’écoute ou de service, pour autrui.

Pour faire vivre la démocratie, il faut simplement appliquer à l’inverse les points mentionnés ci-haut !

C’est-à-dire :

- impliquer les individus à se revendiquer citoyens à chaque moment de leur quotidien,

- repeupler les cerveaux (l’imaginaire collectif) avec de l’information de qualité, une compréhension de la société, et du fait que l’État n’appartient pas à une élite, mais il appartient à tous les citoyens, pauvres riches hommes femmes immigrants ou pas, etc.,

- remettre en question le dogme qu’il faut qu’il existe des partis politiques ! Il n’y a qu’un peuple, et donc la seule chose qui est importante c’est le bien-être de tout ce peuple. Voir à ce sujet notre article « La gauche, la droite et les partis politiques »,

- punir sévèrement toute forme de corruption, de mensonge politique, et faire en sorte de couper la corruption à la source. La corruption arrive souvent par copinage et par réseautage : s’assurer de limiter le réseautage au sein des structures étatiques afin que chaque citoyen porté au pouvoir ait seulement le bien-être du peuple à l’esprit. Voir notre article sur « Le principe de précaution » pour mieux comprendre cette idée de prévention,

- se sortir nous, (notre entourage familial amical etc. puis nos proches) en tant que peuple, de l’emprise médiatique des grands médias qui nous offrent légèreté, divertissement, apolitisme et idioties, afin de se remettre à comprendre parfaitement nos institutions, toute la logique derrière notre société, puis réaliser que nous sommes les maîtres de notre destin, en tant que collectivité politique.

Ces solutions ramèneront naturellement les plus engagés politiquement dans le giron démocratique étatique, nettoieront la corruption et remettront en scelle la démocratie effective ; celle qui a, en premier lieu, le bien-être du peuple à cœur. Il nous faut donc « mieux de démocratie ».

Enfin, un dernier point de solution doit être mis de l’avant qui serait possible en deux versions :

1. La création d’un parti qui aurait comme mandat de démanteler le système des partis afin qu’il n’y ait plus AUCUN parti (pas un système d’État-parti, donc). Il n’y aurait que des citoyens ayant la défense de la collectivité et du peuple en tête, et non pas la défense d’une ligne de parti imposée. Les députés seraient donc tous indépendants en chambre, porte-paroles en quelque sorte des idées de leurs concitoyens régionaux, puis débattraient de façon plus neutre les questions de société qui sont en débat dans la société.

2. Ou… il s’agirait de garder les partis politiques, mais d’appliquer un système de représentation proportionnelle. Cela, toutefois, ne réglerait pas le problème de la fameuse ligne de parti dogmatique et imposée, puis le problème du parti politique lui-même, qui est une machine d’intérêts d’argent, et de hiérarchie, qui sont des concepts résolument antidémocratiques… dans un monde de citoyens égaux !

N’oubliez pas, donc : ce n’est pas parce que la démocratie actuelle est pourrie que c’est une raison pour démolir la démocratie. On peut parvenir à se donner une meilleure démocratie, qui fonctionne vraiment et qui n’est pas contrôlée par une oligarchie.

P.S. D’autre part, le peuple serait obligatoirement perdant dans une révolution. Voir pourquoi ici, dans notre article : « La Révolution ? »




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