L'éducation rend libre
Le lien entre éducation et liberté
Posté dans Clés de compréhension — le 3 mars 2015
Pour comprendre ce texte, il faudra lire l’article « La liberté » (de la section Philosophie) ici dans le site A vos cerveaux. C’est un court article, et ça vous enseignera (si vous ne l’avez pas lu), ce qu’est la liberté. C’est une définition claire et c’est avec cette définition que nous allons travailler et comprendre maintenant le lien entre Éducation et Liberté.
D’abord, l’idée d’Éducation
L’éducation est l’un des domaines de la plus haute importance dans une société. Pourquoi cela ?
C’est fort simple. L’éducation est l’outil social de base pour assurer la reproduction de la société. En effet, le temps passe, et puis les gens naissent, vieillissent et meurent. Entre les deux, toutes les positions sociales qui permettent que les domaines de compétences (métiers, professions, artisanat, etc.) soient repris et continuent d’exister, il faut « former » les nouveaux esprits.
C’est exactement le rôle de base de l’éducation donc : assurer la reproduction de la société.
Or, va pour le rôle collectif, mais il existe aussi un rôle plus restreint et individuel à l’éducation, mais qui sert finalement tout aussi bien la reproduction de la société. Ce rôle en est un d’élévation de l’individu.
On entend souvent des gens dire en racontant leur vécu, souvent dans des entrevues, que tel ou tel événement de nature éducative les a « amené à leur vraie nature » ou encore des phrases comme : « c’est là que je suis devenu moi-même ». Qu’est-ce que cela peut bien vouloir dire ? C’est souvent quand les gens ont passé par une éducation formatrice et riche qu’on peut entendre ces phrases. En effet, l’éducation les a initié à une nature plus profonde et élevée de leur être.
L’éducation, la vraie
Il existerait donc une éducation « vraie », et une éducation fausse. Ou, en tout cas, moins vraie.
L’éducation vraie, donnée aux petits enfants, non seulement mais aussi aux hommes et femmes, doit être une éducation qui sert effectivement à reproduire la société, et permettre leur élévation en tant que ce qu’ils sont, et ce que des hommes et femmes entiers peuvent attendre du monde, selon les possibilités de leur nature intrinsèque de créatures finies (mortelles) qui évoluent sur une période temporelle limitée (moins de 100 petites années en majorité), avec des réalités incontournables comme le temps qui passe, la vieillesse, la descendance, les rituels et autres fêtes saisonnières, la signification de la vie, et aussi, les façons de se l’expliquer, autant par l’expérience des anciens (qui est concentrée dans les récits oraux et écrits, et ce qu’on appelle aussi l’ « Histoire »), que par les théorisations et intuitions des sages, agnostiques, mystiques ou religieux s’inscrivant dans un dogme.
L’éducation fausse, quant à elle, serait à faire vivre un individu dans un cadre où il est très déconnecté de sa nature profonde, la majorité du temps, et appréhendant rarement cette nature profonde, être en situation de ne pas avoir reçu les outils pour la gérer. Cette nature humaine qui implique : la vieillesse, la finitude (la mort), la « liaison corps-esprit » qu’on explique aussi maintenant via la biochimie des neurotransmetteurs et hormones, et les neurosciences, etc. Cette éducation fausse, c’est aussi celle qui ne pousse pas à l’élévation, à l’ « apprendre à apprendre », c’est-à-dire, la façon d’articuler la pensée critique et se faire le maître de sa pensée, en osant se poser soi-même les questions, et faire les recherches soi-même, et apprendre soi-même à développer les outils pour y arriver, ou aller chercher ces outils aux bonnes places.
L’éducation vraie, en somme, serait celle qui connecte l’individu à ce qu’il est profondément, et ses façons de fonctionner, que ce soit conscientes ou purement biologiques, ou encore sociales. Cette éducation vraie donne aussi un portrait réaliste et compréhensible du monde dans lequel l’individu évolue, et valide (ou invalide) la position sociale de cet individu au sein de ce monde, toujours dans une optique d’aller vers une réalité plus épanouissante pour l’homme, femme et enfant.
L’éducation rend libre
C’est d’ailleurs les mots de Platon même : « l’éducation rend libre ».
Mais en quoi rend-elle libre ?
Dans l’article sur « La Liberté » (section Philosophie), on avait conclu que la liberté était forcément non-absolue et qu’elle devait passer par la collectivité. Être libre soi-même, c’est évoluer donc dans une collectivité dans laquelle on a la possibilité de s’exprimer et que ça puisse avoir un effet réel, tel que développé dans l’article « La Liberté ».
Mais l’éducation rend vraiment libre parce qu’avec l’éducation, la vraie, on obtient le pouvoir de comprendre le monde dans lequel on est, et comprendre son fonctionnement, comprendre à quoi servent les institutions, quelles qu’elles soient. On peut aussi, dès lors, comprendre l’absurdité chronique de tel problème, tel dysfonctionnement. On a un regard, grâce à cette éducation, qui devient collectif, et on se voit, non pas dans une vision restreinte et nombriliste, participant à sa propre petite stabilité, voire réussite personnelle, alors que le restant de la société peut bien exploser, mais on se voit faire partie d’une collectivité.
Pourtant, pour que cette vision qui dépasse l’individualisme puisse exister, elle doit faire partie d’une éducation vraie, et donc, d’une éducation qui rend libre… parce que du moment que les hommes et les femmes auront compris le fonctionnement de la société, et qui deviendront ainsi des citoyens véritables et actifs, qui peuvent comprendre le fonctionnement global du système et donc pointer facilement du doigts les dysfonctionnements de ce système, de façon autonome (non pas en obéissant à des supposés experts, mais parce qu’ils auront appris avec une bonne éducation comment la société fonctionne), alors c’est à ce moment que, collectivement, on commencera à enrayer, pacifiquement et efficacement, les contradictions de notre société qui tendent à nous éloigner de la Liberté.
C’est ainsi que l’éducation rend libre.
D’ailleurs, quelqu’un qui a reçu une vraie éducation et qui est rendu libre de ce fait, connaîtra logiquement sa vraie valeur, et identifiera rapidement des situations sociales à améliorer ou changer complètement. Cette personne libre ne se laissera pas manipuler facilement, ni semi-esclavagiser dans des conditions de vie que l’on peut connaître dans notre monde actuel. Par contraste, on peut dire qu’une personne qui n’a pas été bien éduquée sera plus manipulable et, même, prompte à l’obéissance.
Mais… l’éducation permet aussi une autre élévation, la suivante :
Bonus : L’éducation, la vraie, est excellente pour le développement individuel
L’éducation, la vraie, en permettant de comprendre le développement et l’état de la société actuelle, en permettant de comprendre comment le plus de choses possible fonctionnent et comment se cultiver profondément dans le plus de domaines de la vie, permet également comme on le disait plus haut, de comprendre notre nature humaine profonde, sur laquelle on a quelques assez bonnes certitudes, mais qu’il faut se faire enseigner quand même.
Ainsi, quelqu’un qui possède l’éducation, la vraie, saura que sa valeur individuelle profonde, sur laquelle il fonde sa propre estime personnelle, ne peut pas être liée à son apparence physique, ou sa tenue vestimentaire, ou sa « perfection » plastique. Une personne ayant reçu une bonne éducation saura hiérarchiser par importance ce qui fonde sa valeur en tant qu’homme, femme ou même enfant. Ce qui fonde son estime personnelle, c’est qu’elle est, comme toute autre personne, quelqu’un qui pense, quelqu’un qui ressent, quelqu’un qui partage, et quelqu’un qui apprend et quelqu’un qui sait des choses ou se pose des questions.
Bref, la vraie éducation nous apprend que la valeur d’une personne ne se juge pas à son apparence physique, ou son adhésion à des modes, ou à la valeur de ses vêtements, ou à son âge, mais au simple fait que c’est quelqu’un. Et que juste ça, c’est inestimable. C’est de cette façon que la vraie éducation rend non seulement libre, mais permet aux gens de s’épanouir dans ce qu’ils sont simplement eux-mêmes, plutôt que de se convaincre qu’ils n’ont aucune valeur et donc, aucune estime personnelle.
D’ailleurs, à ce sujet, un autre article sur A vos cerveaux traite justement de la question de l’âge et de la distance qu’on devrait prendre par rapport à lui : « La vie en 4 dimensions » dans la section Philosophie.
Conclusion
Au final, le rôle majeur de l’éducation est donc d’être capable, collectivement, de se donner les outils, de génération en génération, de pouvoir reconstruire notre société, à l’identique ou presque, en redonnant les apprentissages du passé et du présent, pour que le futur puisse continuer de les transmettre. C’est une longue chaîne de transmission de connaissances qui traverse l’histoire.
Si, donc, il y avait un krach majeur de la société, il faudrait que les survivants puissent avoir assez des savoirs importants dans leurs têtes pour pouvoir conserver l’écriture, et conserver les diverses techniques développées au travers des siècles, pour ne pas retomber dans un âge des cavernes.
Et l’éducation, si c’est la clé pour reproduire la société en copiant dans chaque cerveau les principes de base de la société, c’est aussi la première clé pour faire changer cette société, en changeant un peu les façons d’enseigner aux enfants comment les choses sont, mais devraient être, et comment il faut voir la vie.
Ainsi, c’est dans cette idée que la phrase de Nelson Mandela prend tout son sens : « L’Éducation est votre arme la plus puissante pour changer le monde. »
Cette phrase est pleine de bon sens, et c’est justement ce que nous voulons faire sur A vos cerveaux, redonner la vraie éducation à tout le monde, afin qu’on puisse garder le meilleur de notre société, et continuer de la rendre plus fonctionnelle et plus civilisée.
En terminant, une autre phrase, celle-ci de l’empereur romain Marc Aurèle : « Les hommes sont faits les uns pour les autres; instruis-les donc ou supporte-les. » En une phrase, il parle de la nature collective de la Liberté, puis suggère que l’éducation, la vraie, est la pierre angulaire sur laquelle l’édifice de la société civilisée et agréable repose, car il dit que sans éducation, il faut « supporter » son prochain, ce qui n’est certainement pas agréable.