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Trop gros pour être vrai

Austérité, dette, corruption

Posté dans Sujets de société — le 24 mars 2015

Mise à jour le 23 novembre 2015

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Notre époque est particulière, surtout depuis la crise financière et économique de 2007-2008. Les étapes successives s’enchaînent, et la crise demeure. La crise de 2008 n’est pas le début, mais la continuité. Il y a longtemps déjà qu’on parlait de crise permanente en Europe, par exemple. « C’est la crise » : la situation normale. Pourtant, avec les tensions qui montent, avec le néolibéralisme qui amène avec lui son lot de privatisations, de coupures budgétaires, « d’économie d’abord » et d’austérité, d’autres indicateurs (comme les immenses scandales financiers et la corruption à répétition non réprimandée) dans l’actualité nous indiquent que la situation devient folle.

N’importe quelle personne qui aurait un regard circonspect sur cette situation, en embrassant du regard tous les aspects du problème en même temps, aurait de la difficulté à ne pas se dire : « Ouf ! Ça devient juste trop gros pour être vrai, ça ne se peut pas. » Mais, si la plupart des gens se disent exactement ça, ils n'osent pourtant pas le penser réellement. Ils se disent que c’est vraiment la réalité. Mais, et si c’était VRAIMENT trop gros pour être vrai ? Que c’est donc faux et inventé, toute cette situation ? Ça paraît impossible, bien sûr. Mais... prenons, le temps d’un article, la peine de décortiquer comme il faut la situation en général.

La mondialisation néolibérale

Il faut bien comprendre ces termes de mondialisation et de néolibéralisme, qui sont utilisés quotidiennement mais qui sont mal définis, ou définis de manière beaucoup trop complexe. S’il est vrai qu’on pourrait tenter de faire un exposé sur ces deux mots pendant plus de 100 heures et qu’on aurait sûrement encore des choses à dire, il faut s’en tenir à l’essentiel.

Parlons de l’historique des mots. La mondialisation est un terme qui est apparu massivement dans le discours dans les années 1990. Si d’autres idées de planète unifiée sont fréquentes dans l’histoire avant, la mondialisation découle en quelque sorte d’un impérialisme économique de l’Occident, depuis la fin des années 1970.

En effet, après la mort de Mao Tsé-Toung en Chine en 1976 et le régime qui lui a succédé, les zones économiques spéciales (ZES), ou zones franches, furent instaurées, ce qui a permis aux capitalistes occidentaux de commencer la délocalisation de leurs entreprises vers des terres chinoises de « cheap labor » (travail presque gratuit), et ce fut l’avènement du « MADE IN CHINA ». Cette pratique s’est généralisée dans les pays où les conditions de travail sont non réglementées et où il n’y a pas de syndicats qui protègent les travailleurs, comme au Bengladesh, Viêt-Nam, Pakistan, Taïwan, Corée du Sud, Thaïlande, Indonésie, Mexique.

En concomitance avec ces délocalisations, les gouvernements occidentaux se sont mis à appliquer dès 1980 des mesures néolibérales poussant à la privatisation (dénationalisation), donc de faire passer des services publics (assurés par un budget de subventions donc qui n’a pas rapport avec l’idée de rentabilité, mais de performance en tant que services aux citoyens, financés par les impôts et taxes des citoyens, donc dans une logique circulaire de redonner ce qu’on a, à la mesure de notre efficacité en tant que « collectivité société »).

Une autre mesure, dans la même logique, est la suppression de certaines contraintes aux entreprises et aux logiques des entreprises capitalistes. Là où il était interdit de faire du commerce capitaliste, c’était maintenant permis. Là où il y avait des barrières douanières pour protéger l’activité économique interne, il y a maintenant droit de passage sans barrière : ce sont les traités de libre-échange, dont l’ALENA en 1994 aux Canada-Etats-Unis-Mexique.

C’est donc :

- la liquidation des acquis sociaux par le recours à des populations dépourvues de conditions de travail correctes par la délocalisation d’entreprises (en économie, ça s’appelle l’externalisation des coûts, mais peu importe)

- le démantèlement ou la fragilisation de la portion « économie d’État » de notre économie mixte, une économie qui assure un filet social fort avec des services essentiels et peu coûteux car bien gérés et destinés à une population nationale (comme une éducation à peu près « gratuite » aux usagers à un coût absorbé par la collectivité, et un système de santé efficace à peu près gratuit lui aussi, absorbé par les impôts et taxes), avec les autres paliers politiques (municipalités) qui absorbent les tâches de maintien des routes, des services d’urgence (pompier, police), etc.

- une motivation importante de ces changements de société est : privatiser pour maintenir une croissance de l’économie capitaliste, « facteur de santé économique dans un système comme le nôtre »

- la motivation première de toutes ces coupures, c’est surtout : le remboursement de la dette souveraine. Cette dette, en la remboursant, est la raison ultime de couper partout. Clarifions la différence entre déficit et dette: un déficit est un manque d’argent qui figure sur la dernière ligne d’un budget, quand on soustrait nos dépenses de nos revenus. Le contraire du déficit est le surplus. Quand les déficits s'accumulent, c'est la dette qui se crée et s'alourdit. « On n’a plus d’argent et on ne doit pas laisser un déficit budgétaire continuer d’exister parce que ça fait augmenter la dette »… Pour ne pas avoir de déficit, il faudrait couper dans la colonne des dépenses, qui sont donc les services qui composent le filet social : santé, éducation et autres secteurs aux mains du gouvernement. De plus, pour que le gouvernement draine encore plus d’argent pour le mettre dans le remboursement de la dette, il peut augmenter le coût de ses services, ou impôts, ou taxes. Par exemple, au Québec, la facture d’électricité qui monte en flèche. Au Québec, d'ailleurs, c'est le gouvernement, propriétaire des services d'électricité, qui demande directement à Hydro-Québec d'augmenter sa rentabilité et donc d'augmenter ainsi proportionnellement aux citoyens un plus grand effort de leur part. On peut aussi penser à la nouvelle taxe santé. Cette augmentation des coûts, et la diminution de la qualité des services aux citoyens, et donc la perte de qualité de vie des citoyens, dans une optique de « rentabilité économique », c’est ce qu’on appelle « l’austérité »…

La dette publique

Il faut absolument parler ici de la dette souveraine (dette de l’État), puisque c’est elle le fondement des maux sociaux actuels. Sans la dette souveraine, il n’y aurait pas à appliquer une « austérité », parce que le poste budgétaire « Remboursement de la dette » n’existerait pas.

Intéressons-nous à l’existence même de cette dette.

D’où vient-elle et quand ?

Dans le cas du Québec, la dette souveraine du Québec a commencé à exister dans la foulée de la Révolution tranquille (la Révolution tranquille est une période de modernisation et d’alignement fort sur une américanisation des institutions et des façons de faire. C’est la fin de l’agriculturisme au Québec, la laïcisation de l’État donc la sortie de l’Église catholique des affaires de l’État, et la création de ministères de l’Éducation et autres institutions dites modernes, comme un système d’autoroutes plus imposant). En 1959, quand Maurice Duplessis, Premier ministre et chef du parti Union nationale est mort en fonction, léguant donc le pouvoir à ce moment-là, il laissait un Québec sans dette.

La dette s’est donc accumulée à partir des années 1960, continuant d’enfler dans les années 70, 80, 90, 2000 jusqu’à aujourd’hui.

Or, il faut dire aussi autre chose au sujet de la dette des États, et cela englobera notamment le cas de la France. Nous voulons parler ici du système de la création de la dette souveraine. Disons donc qu’une dette, ça implique un emprunteur (celui qui s’endette) et un créancier (quelqu’un qui prête de l’argent)… La question ici est : QUI est le créancier ? Traditionnellement, l’un des pouvoirs d’un État souverain est le pouvoir d’imprimer son argent ou de retirer de la circulation des quantités d’argent (gestion de la création et de la destruction d’argent), en toute indépendance. Or, au début des années 1970, il y a eu ce tournant majeur dans la politique monétaire des États : la fin de l’emprunt à taux zéro de l’État. En effet, dans le cas des États occidentaux (Europe, USA, Canada, etc.), il y a justement eu à ce niveau-là un changement majeur : l’État a arrêté de se prêter à lui-même, à taux d’intérêt nul (taux zéro).

Cette modification de la loi a permis aux banques privées d’engranger des intérêts sur les emprunts de l’État, ce qu’elles ne faisaient pas avant. Ainsi, le créancier, dans ce cas-ci, n’est plus l’État qui se prête à lui-même, mais les banques privées qui prêtent à l’État. Et ceci, c’est un changement énorme. Pourquoi ? Parce que justement, avec l’apparition de ce nouvel intérêt appliqué à toute nouvelle dette, l’évolution de la dette publique souveraine va connaître une montée exponentielle, si bien que les États aujourd’hui, remboursent « les intérêts de la dette » seulement, et même pas la dette elle-même ! La seule façon de pouvoir vraiment payer la dette et non uniquement les intérêts sur la dette serait d'engranger une somme faramineuse pour son remboursement (encore plus grande que celle déjà utilisée pour payer les intérêts). Ainsi, on enraye le facteur "temps" dans la multiplication des intérêts de la dette pour s'appliquer à réduire directement la dette. Cependant, utiliser davantage de fonds pour payer directement cette dette nécessiterait des sommes qui nous forceraient à appliquer encore plus brutalement l'austérité et ainsi à subir encore plus férocement ses effets dévastateurs.

Au Québec, c’est la Banque du Canada qui gère la monnaie canadienne, et donc, c’est à partir de 1974 que cette institution commence à prêter à intérêt l’argent au gouvernement. En France, c’est par la « Loi Pompidou-Rothschild » que cette mesure est passée. Aux Etats-Unis, la « Federal Reserve Bank » avait déjà le pouvoir de prêter à intérêt au gouvernement lui-même dès sa création, soit en 1913 par le cartel des banques privées comme, entre autres, la Banque Rothschild, John D. Rockefeller (magnat du pétrole), J.P. Morgan (banque d’affaires). C’est donc, par ces déblocages politiques, que les grandes banques ont pu engranger d’énormes sommes par la logique d’endettement.

Lorsqu’on observe le système de la dette se mettre en place, on peut constater que l’augmentation tendancielle de la dette est une courbe exponentielle, et que la tendance exponentielle dans la courbe commence vers le début des années 1970, justement quand les lois sont modifiées et qu’une variable mathématique d’intérêt non-nul est ajoutée à la logique.

Ceci amène une question : quelle est la part de la dette publique qui est reliée aux créanciers bancaires ou à leurs filiales?

C’est cette question qui fait que plusieurs demandent un « Audit de la dette publique ». Cet audit, ce serait de rendre public les catégories de créanciers qui sont « remboursés » chaque année avec l’argent gouvernemental, afin de comprendre l’argent en question va dans les poches de qui.

Quoi qu’il en soit, on peut, sans connaître le % de la dette publique qui va aux banques privées, dire que : l’idée d’avoir un gouvernement qui ne se prête pas à lui-même à taux zéro, n’est pas légitime ni constitutionnelle, et que c’est surtout véritablement depuis 1973 environ que la tendance exponentielle se confirme dans l’évolution de la dette.

Figure : Évolution de la dette de la France, avec une exponentielle qui commence vers 1973.

Figure : Évolution de la dette des États-Unis, avec une exponentielle qui commence vers 1973.

« Austérité », « Crise »

Revenons rapidement sur l’austérité, même si on en a parlé plus haut. L’austérité, donc, c’est la conséquence logique du « rééquilibrage » des dépenses de l’État pour toujours accommoder de plus en plus la dépense « Remboursement de la dette », qui prend année après année, toujours plus d’importance. C’est ce qu’on appelle « les coupures ». Donc,

- des coupures en éducation : dégradation de la qualité des locaux, de la qualité de l’enseignement, de la qualité, augmentation des frais afférents, des frais de scolarité, coupure de programmes, gel de salaire des professeurs, et enfin, un contraste de plus en plus évident avec l’enseignement privé (et on doit dire que 60% du privé est financé par le gouvernement !)

- des coupures en santé : dégradation de la qualité des locaux, dégradation de la gratuité des soins et donc de l’accessibilité, dégradation des programmes de prévention, désinstitutionalisation en santé mentale (beaucoup d’itinérants sont d’anciens bénéficiaires d’instituts en santé mentale et qui ont été mis à la rue à cause de coupures)

- des coupures dans le filet social communautaire : gel de l’aide sociale (bien-être social, ou toutes autres aides sociales), subventions aux centres communautaires.

En somme, l’austérité, c’est :

Un service de la dette qui augmente exponentiellement et qui amène un déficit qui augmente, qui est la raison du gouvernement de faire des coupures dans les programmes publics, en maintenant les impôts hauts, ceci ayant comme conséquence d’appauvrir la majorité des gens, et de faire augmenter la pression financière sur les ménages et accroître les inégalités sociales.

Exemples d'une situation exponentielle

Voici des exemples concrets pour bien comprendre le comportement d'un modèle suivant la courbe exponentielle.

Exemple 1 : La fable du grain de riz sur l'échiquier.

Donc, la fable va comme suit : il y a longtemps, un grand roi puissant voulut donner un cadeau à l'un de ses sujets pour le récompenser d'un acte héroïque. Ainsi le roi demanda à son sujet ce qu'il voulait, s'attendant à ce que ce dernier demande un bijou, une place au palais, une seigneurie, ou autres cadeaux dont on aurait spontanément l'idée. Pour toute réponse, le sujet répondit au roi qu'il ne souhaitait que des grains de riz, selon toutefois une condition bien spécifique. Il alla chercher un jeu d'échecs, puis dit au roi : Sire, je veux recevoir un grain de riz cette semaine, puis je veux simplement que vous doubliez ce nombre les semaines suivantes, le nombre de semaines qui correspond au nombre de cases sur cet échiquier, soit 64 cases, donc 64 semaines. Le roi esquissa un sourire puis se dit qu'il s'agissait-là d'un bien simple cadeau, en accédant donc à la demande. La première semaine, le roi donna donc 1 grain de riz à son sujet. La seconde semaine, le roi donna 1x2 = 2 grains de riz. La troisième, 2x2 = quatre grains. La quatrième, 4x2 = 8 grains. Puis la cinquième, 8x2 = 16, sixième 16x2 = 32, septième 32x2 = 64, huitième, 64 x 2 = 128 grains de riz, puis ensuite, 256, 512, 1024, 2048, 4096, 8192, 16384, 32768, 65536, 131072, 262144, 524288 à la 19ème semaine. À partir de la 20ème semaine, le nombre de grains de riz est passé au-dessus de 1 million par semaine. Puis finalement, à la 64ème semaine, le nombre de grains de riz à mettre sur la case finale (64ème case) est : 18 446 744 073 709 551 616. Le roi n'a jamais pu honorer son engagement envers son sujet puis s'est ruiné bien avant avoir rempli les 64 cases. La morale de cette histoire est d'être absolument prudent dès qu'on entend les mots comportement exponentiel.

Exemple 2 : Population de bactéries dans un vase clos

On insère une bactérie dans un vase clos puis celle-ci se dédouble pour former deux bactéries après un temps donné de 1 minute. Les deux bactéries elles-mêmes se dédoublent donc après le même temps donné, ce qui forme quatre bactéries. Le vase clos ne peut pas contenir plus qu'un certain nombre de bactéries étant donné qu'il sera complètement rempli à ce moment. On laisse donc se multiplier les bactéries, génération après génération, selon la même logique que les grains de riz de l'exemple précédent : 1 bactérie à la première minute, 2, 4, 8, 16, 32, 64, 128, 256, 512, 1024, 2048, 4096, 8192, 16384, 32768, 65536, 131072, 262144 à la 19ème minute, etc... Puis on arrive éventuellement à la limite supportable du vase, qui serait disons justement 262144 à la 19ème minute. Le vase étant complètement plein à la 19ème minute, combien cela prendra-t-il de temps pour remplir un deuxième vase identique? Si un vase est plein avec 262144 bactéries, alors cela prendra seulement une minute de plus pour remplir un deuxième vase, puisque à la 20ème minute, nous avons 524288 bactéries (donc le double).

Ces exemples avaient pour but de vous faire comprendre qu'une situation exponentielle croit rapidement et peut entraîner des pressions sur les contraintes du monde réel (espace disponible, quantité disponible, etc.) extrêmement problématiques. La croissance de la dette des États a commencé à obéir à une courbe exponentielle vers 1973, tel qu'on l'a vu dans les graphiques précédents.

(Note: pour ce qui est de la croissance population mondiale, la transition démographique devrait faire se stabiliser la population étant donné la chute du taux de natalité inhérent au mode de vie mondialisé, mais ceci est hors sujet dans cet article. Simplement, la population mondiale peut être stabilisée par des mécanismes très doux, sans avoir recours à des mesures drastiques. Donc, n'ayez pas en tête la population humaine quand on présente l'exemple de la population du vase clos.)

Corruption et scandales politiques

On a parlé d’austérité et de dette, il faut aller plus loin que ça et maintenant parler d’une autre facette de notre époque récente : les scandales politiques.

L’austérité aurait une saveur beaucoup plus légitime et acceptable s’il n’y avait pas des gens déjà très riches qui s’enrichissaient encore plus sur l’argent public, comme il en est fait état depuis plusieurs années dans plusieurs cas, que ce soit au palier municipal (Laval, Montréal entre autres), les scandales politiques, les montages financiers, les parachutes dorés (primes de départ, primes au rendement), etc. Tout récemment, on a vu le ministre Yves Bolduc se faire remercier grassement de ses fonctions au gouvernement du Québec (démission).

Le jeu médiatique

Les médias font donc le jeu de cette double dynamique en mouvement. D’un côté, l’immense majorité dont le pouvoir d’achat (déjà maigre pour la plupart des gens) diminue.

Il ne faut jamais oublier que le revenu net ou « revenu disponible » (APRÈS IMPÔTS) de la classe moyenne est de 35 000$ (pour un ménage).

Figure : La répartition des revenus de la population du Québec en 2011 selon le revenu net. (Source: CIRANO. Permalien: http://qceco.ca/n/1590

Ceci étant dit, les revenus de la majorité des gens sont suffisants pour vivre correctement, mais ne peuvent pas absorber de très grandes augmentations du coût de la vie, autant en hausses d’impôts, taxes, frais, factures, essence, etc.

On a donc, d’un côté, la population qui n’en peut presque plus de « payer sa juste part », et de l’autre côté, des richissimes politiques ou financiers qui n’ont de cesse de recevoir des primes à des salaires déjà immenses (un salaire de 150 000$ par année est immense, pour la majorité des gens, donc n’imaginons même pas un salaire de 400 000$...)

En somme donc, semaine après semaine, les médias exposent deux réalités : une « over-class » qui est trop payée et qui fait n’importe quoi avec l’argent public, en toute impunité, et une classe moyenne qui doit se serrer toujours plus la ceinture.

Quelle est, logiquement, la réaction en chaîne qui devrait être attendue ? Éventuellement, quand la ceinture sera trop serrée, et que le scandale sera un scandale de trop, la réaction logique est que le peuple se lève pour dire « ASSEZ ! ».

Pour l’instant, certains disent déjà « ASSEZ ! » (ou ASSÉ ?... comme l’association), mais tout de même, il n’y a pas encore de guerre civile, pour l’instant.

La convergence mondiale du phénomène

Pour comprendre que, en fait, « c’est trop gros pour être vrai », il faut avoir compris que cette articulation d’austérité couplée à une corruption apparente des élites est un phénomène qui touche l’Occident à la grandeur, en même temps. Donc, le phénomène est « en phase » en plusieurs endroits en même temps. Le Québec, ni la France, ne sont seuls dans ces dynamiques. Et c’est ça qui fait dire, que « c’est trop gros pour être vrai ».

Conclusion

Finalement, l’austérité et la corruption des élites sont des « logiques économiques » qui ont un effet utile : semer le chaos dans un système d’État-providence (économie mixte) qui fonctionnait bien, qui permet d’affaiblir ce système, et de miner sa crédibilité (avec les scandales) pour mettre le peuple face à une contradiction majeure : la légitimité du pouvoir actuel est une légitimité démocratique. Le peuple est officiellement le maître politique de l’État qui n’est géré que par des représentants du peuple. Or, le peuple, de plus en plus, commence à se rebeller contre ce pouvoir. Il commence à ne plus croire qu’on est en démocratie réellement, qu’on serait plutôt en oligarchie. Mais est-ce que, ce faisant, en arrêtant de croire à ce système et en voulant prendre la rue et arrêtant de voter, il serait en train de dire « mort à la démocratie » ? Même si elle n’avait pas existé cette démocratie depuis le début de la modernité, est-ce qu’il faut la liquider, ou plutôt, s’assurer de son existence véritable ? Se donner des représentants qui sont authentiquement du peuple, ou alors, pratiquer plus directement le pouvoir populaire ? Ce sont de bonnes questions, mais le peuple, en s’opposant au système actuel, pourrait, sans l’avoir vu venir, signer la fin de la façade démocratique de notre régime…

Terminons cet article en citant, justement, David Rockefeller, l’héritier de John D. Rockefeller, et fondateur de la Commission Trilatérale et co-fondateur du Groupe Bilderberg :

Le monde est maintenant plus sophistiqué et préparé à l’arrivée d’un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers internationaux est sûrement plus souhaitable que l’auto-détermination des nations des derniers siècles. –David Rockefeller s’exprimant à la Commission Trilatérale en 1991.

(Traduction de : The world is now much more sophisticated and prepared to march towards a world government. The supranational sovereignty of an intellectual elite and world bankers is surely preferable to the national autodetermination practiced in past centuries.)

On voit que la logique exprimée par David Rockefeller en 1991 se traduit très rapidement par des traités de libre-échange comme le Traité de l’Union Européenne (mieux connu sous le nom de Traité de Maastricht en 1992), puis du traité d’accord de libre-échange de l’Amérique du Nord (l’ALENA) en 1995.

Cet article était plus long que les autres, mais c’est parce que le sujet de l’article était plus compliqué et important à traiter dans son intégralité. On croit avoir fait le tour ici, donc, étant donné que l’article est important et que le sujet est gros, si vous constatez qu’il y aurait des éléments à ajouter, n’hésitez pas à nous en faire part.

Bonus (plus complexe): Autres créanciers de la dette et système de l’argent-dette

Depuis les années 1970 surtout, le système de l’argent-dette, (tel que décrit par Grignon dans ses deux documentaires), est le système du surendettement des ménages qui est devenu majoritaire. C’est à ce moment que la majorité des gens ont commencé à vivre avec le crédit (cartes de crédits et hypothèques).

Ainsi, le système de l’argent-dette, c’est le système économique de spéculation financière sur les obligations d’épargne du Gouvernement qui entrent dans la dette publique.

Or, ce qui fait que la dette publique est devenue un fléau au fil des années, c’est surtout les lois de 1973-1974, qui ont permis aux banques privées de devenir créanciers à la place du gouvernement, qui était l’emprunteur-débiteur ET le créancier, avant.

Ainsi, dans la continuité de la logique des banques privées, pour accroître leurs profits, ont commencé à prêter de l’argent, de façon de plus en plus risquée, en permettant aux emprunteurs même à risque d’accéder à l’endettement. C’est ainsi qu’on a vu certaines catégories devenir endettées massivement, comme les étudiants, ou les jeunes familles.

Ceci étant dit, il ne faut pas confondre la légitimité de la dette publique, et la logique d’endettement de la dette des ménages. S’il est vrai que le système d’argent-dette existe, il ne légitime absolument pas l’austérité. C’est ce que nous avons exposé dans cet article.

Bonus 2: Origine des agences de revenu Canada, USA, France, les percepteurs d'impôts modernes

On doit également ajouter quelque chose au sujet des agences telles que Revenu Canada, l'Internal Revenue Service (I.R.S.) des États-Unis, ou encore la Direction générale des finances publiques, qui sont les agences perceptrices d'impôts au Canada aux États-Unis et en France. Nous devons parler de leur mise en place, et de leur légitimité.

L'I.R.S. aux États-Unis (l'équivalent de Revenu Canada au Canada), a été créé dans le Federal Reserve Bank Act en 1913, tel que mentionné dans le vidéo The American Dream, disponible ci-dessous. Quant à Revenu Canada, l'impôt sur le revenu a commencé à exister en 1914, tout comme en France. Ceci est important à comprendre car comme un grand nombre de réalités actuelles, l'impôt sur le revenu a été mis en place à un moment donné puis a été petit à petit accepté comme faisant partie de la vie quotidienne. Il a donc été banalisé. Il est important de comprendre qu'il n'a pas toujours existé, que donc son existence peut être remise en question, et qu'on peut débattre autour de son utilité réelle, surtout lorsqu'on sait que l'immense majorité de l'impôt sur le revenu sert à éponger les intérêts de la dette de l'État (non pas à redistribuer la richesse aux plus pauvres, handicapés ou aux services publics), tel qu'il est indiqué dans la vidéo de Étienne Chouard ci-dessous.

Bonus 3: Cas au Canada contre les banques, le C.O.M.E.R.

Une coalition, le Committee on Monetary and Economic Reform (le COMER, Comité sur la réforme économique et monétaire) qui existe depuis 1986, mène une bataille contre la mainmise bancaire de la Banque du Canada, afin de faire reconnaître injuste et éventuellement illégale la pratique d'intérêts dans les prêts à l'État. Cette nouvelle législation rendrait officiellement illégitime la majeure partie de la dette du Canada. Le COMER est en ligne au comer.org




Quelques sources, et pour aller plus loin

Voici du matériel documentaire, parfois ludique, qui vous permettra de reprendre certains thèmes de l’article, et desquels nous avons parfois puisé nos données.

Vidéo : Documentaire ludique sur la création de la FED aux États-Unis et le fonctionnement du système bancaire mondial et des banques privées. Titre original: "The American Dream" aussi disponible sur theamericandreamfilm.com YouTube: https://www.youtube.com/watch/?v=QNbCAzzXw14




Vidéo : Explication de la situation française et de la loi Pompidou-Rothschild de 1973 (extrait d'entrevue de Etienne Chouard, professeur Français) Dailymotion: http://www.dailymotion.com/embed/video/xs1ksd




Vidéo : Explication québécoise du système argent-dette en faisant abstraction des lois de 1973-1974 (donc explication partielle). (extrait de conférence de Eric Pineault, professeur.) YouTube: https://www.youtube.com/watch/?v=z2uqoP4kxz0




Vidéo : Documentaire qui explique le système de l'argent-dette (Paul Grignon, 2010) YouTube: https://www.youtube.com/watch/?v=kgA2-bWXSN4
Watch it in English here : https://www.youtube.com/watch?v=0pBIEvKctSs




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