À VOS CERVEAUX
Background Image



La morale universelle

Le fondement de la paix sociale

Posté dans Sujets de philosophie — le 5 août 2015

Partager
cet article

La morale universelle est une vieille idée. Beaucoup de penseurs y ont réfléchi et ont tenté de comprendre ce qui la constituerait. L'un des philosophes qui y a notamment réfléchi au début de l'ère moderne est Emmanuel Kant. Nous ne ferons pas un portrait total de ce qu'ont pu être les tentatives de « totalisation » d'une morale sur le monde entier, mais plutôt, ce qui nous intéresse surtout ici, c'est identifier dans un court article les lignes directrices fondamentales de cette morale universelle, qui sont si simples et évidentes, finalement.

Morale ? Universelle ?

La morale est une philosophie de l’action, tout simplement. Qu’est-ce qu’une philosophie de l’action ? C’est bêtement : une foule de questions qu’on se pose sur les actions qu’on pourrait poser, quelles en seraient les conséquences en bien ou en mal, et l’évaluation donc, de l’idée de poser OU ne pas poser la dite action, selon des considérations de bien ou de mal.

Pour donner un simple exemple, prenons le cas où quelqu’un « tourne sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler ». Cette personne, avant de poser l’action de parler, donc envoyer un message avec sa bouche, elle réfléchit à la portée de ses paroles, en bien ou en mal, en attendant de parler, en sachant à quel point des paroles irréfléchies peuvent être extrêmement destructrices, et parfois très difficiles à oublier.

Ainsi, voici ce qu’est la morale, ou l’ « éthique » comme certains l’appellent. C’est du pareil au même.

Pour le mot « Universel », il fait référence à l’idée de « Un » : Un-iversel... Unique. Donc : un monde, une morale. Un Univers, une morale. C’est un concept totalisant et englobant. Donc il s’agirait d’une morale qui s’applique en toute terre, chez toute nation.

La morale est un « filtre »

En lien avec ce qu’on vient de dire, on pourrait dire donc, que la morale, l’éthique, la philosophie de l’action, est un filtre qui agit avant nos actions ; que ce soit une action de parole ou toute autre action et acte, quels qu’ils soient.

Quelqu’un qui n’aurait pas de morale, donc, serait quelqu’un qui n’a aucun filtre avant ses actions : qui ferait donc vraiment n’importe quoi, n’importe où, face à n’importe qui…

Un autre filtre puissant existe et concurrence le « filtre moral »

Le filtre moral, donc, est d’une extrême importance en société, mais il y a un autre filtre qui existe : le filtre des normes sociales. Ce filtre incite donc les individus à moduler leurs actions non pas en fonction du bien et du mal, mais en fonction du « normal et accepté socialement » versus « anormal et non-accepté socialement ».

Or, lorsque le filtre des normes sociales devient corrompu, il peut entrer fortement en contradiction avec le filtre moral. Là, vous voulez un exemple. Le voici.

Disons que, les normes sociales valident la forme hiérarchie « Pyramide » dans la société, et que, donc, il faut obéir à notre supérieur sur le terrain de l’emploi. Si vous ne l’aviez pas remarqué, nous allons vous le dire : dans nos sociétés, l’idée de hiérarchie, d’obéissance, de crainte de ne pas monter dans l’échelle professionnelle (la carrière), et la crainte ainsi de perdre son emploi à cause d’un faux pas ou d’une désobéissance, est une des normes qui est très, très forte. Ainsi, quelqu’un qui constate que sa hiérarchie entre en contradiction avec son filtre moral est intérieurement en conflit : d’un côté son filtre moral tire l’alarme, et de l’autre côté, son filtre des normes sociales le retient de dénoncer quoi que ce soit, parce qu’il souhaite conserver son statut social, son salaire, sa situation, et qu’il sait qu’il pourrait perdre tout cela.

Figure : Une femme en dilemme entre son filtre moral et une norme sociale qui l'incite à tomber dans des actions moralement inacceptables.

Voici donc pour l’exemple d’un conflit potentiel entre les deux grands « filtres » de nos actions.

Donc : La morale universelle

Parlons maintenant de la morale universelle, et de ce qu’elle contient fondamentalement.

Disons que lorsqu’on la réduit à son plus petit dénominateur commun, on retrouve cette idée : « Ne fais PAS aux autres ce que tu ne voudrais PAS qu’on te fasse. »

Donc, tu n’aimerais pas qu’on te tue, ne tue pas ;

- Tu n’aimerais pas qu’on t’escroque, n’escroque pas ;

- Tu n’aimerais pas qu’on te trahisse, ne trahis pas ;

- Tu n’aimerais pas qu’on rit de toi, ne ris pas des autres ;

Et des exemples plus complexes (à logique moins directe) :

- Tu n’aimerais pas être pauvre, ne rends pas les autres pauvres ;

- Tu n’aimerais pas être laid ; accepte que ceux que tu trouves qui le sont n’ont pas choisi leur corps en naissant ;

- Tu n’aimerais pas qu’on te traite en inférieur, ne traite pas les autres d’inférieurs ;

- Tu n’aimerais pas être fondamentalement l’inégal des autres (inférieur), ne te considère pas l’inégal des autres (supérieur).

Ceci, est, la morale universelle.

On peut en décliner des exemples beaucoup plus légers et quotidiens, mais qui s’avèrent finalement importants dans l’espace public.

Par exemple :

- Tu ne voudrais pas qu’on adopte une conduite dangereuse en te frôlant sur l’autoroute, alors n’adopte pas une telle conduite quand tu croises les autres sur la route ;

- Tu ne voudrais pas qu’on te réveille en sursaut en passant dans ta rue à 3 heures du matin en faisant un bruit d’enfer avec un véhicule, alors ne passe pas dans la rue des autres avec ton auto en faisant un bruit infernal ;

- Tu ne voudrais pas que des dizaines de gommes se collent sous tes chaussures quand tu marches dans la rue, alors ne jette pas ta gomme par terre ;

- Tu ne voudrais pas qu’il ne reste plus de jus quand tu vas en chercher dans le frigo, alors assure-toi pour qu’il en reste toujours pour les autres quand tu as passé par là, donc mets-en un nouveau s’il n’en reste plus ;

- Tu ne voudrais pas qu’on parle toujours de soi sans jamais te demander comment toi tu te sens ou ce que tu as fait de ta journée, alors ne fais pas ça aux autres.

Le test de Kant et la morale universelle

Nous avons parlé de Kant tout à l’heure, et voici le moment d’en reparler. Kant avait imaginé une idée fort simple, et très importante. Il s’agit d’une sorte de test super simple qui détermine rapidement si une action est « morale ou pas ».

La logique va comme suit :

Pour déterminer premièrement si quelque chose est acceptable moralement, il faut d’abord se demander ceci : « Si tous les individus faisaient cette action, est-ce que la société pourrait continuer d’exister, ou serait-on alors confrontés à de très gros problèmes sociaux, voire à la destruction de la dite société ? »

En effet, prenons un exemple banal : l’action de cracher par terre. Donc, si tout le monde se mettait à cracher par terre, plusieurs fois par jour, est-ce que notre espace public resterait viable et agréable ? Probablement qu’on commencerait à avoir de gros problèmes.

Et si, autre exemple, tous les pays (parce que la morale universelle peut aussi s’appliquer aux relations entre pays) se mettaient à s’entre-tuer, en quelques jours, la société disparaîtrait. Pourquoi ? Parce qu’il n’y aurait plus personne.

Ainsi, l’argument de Kant fonctionne lorsqu’on implique l’idée « si tout le monde le faisait ».

Or, prenons un exemple positif, et donc moralement acceptable, maintenant. « Si tout le monde aimait tout le monde, est-ce que la société pourrait continuer d’exister ? »… Mais pour cet exemple, je vous laisse trouver la réponse…

Et n’oubliez pas, même si ça n’est pas le cas en 2015, ça n’est pas une impossibilité logique, donc, ça pourrait arriver ; donc, faisons en sorte que ça arrive.

L’individu moral est le fondement de la société

Maintenant qu’on a expliqué le fondement de la morale universelle, revenons au filtre des normes sociales dont on a parlé tantôt.

Les normes sociales sont rencontrées dans tous les secteurs de la société, et, souvent, elle entre en conflit avec le filtre moral des individus. Ainsi, l’individu moral (chaque personne) est le fondement de la société. Le cadre des lois, de la justice et de la police sont surtout des cadres pour accompagner une autre loi, encore beaucoup plus forte, qui est la loi de notre filtre moral à chacun de nous ! Chaque personne obéit à cette « loi morale » qui nous empêche presque naturellement de faire telle ou telle chose, toujours en concordance avec l’idée de « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » avec « Si tous les individus faisaient cette action, est-ce que la société continuerait d’exister (agréablement) ? »

Ainsi, ce sens moral planté dans chaque personne nous poussent vers une grande idée : la paix. La paix, parce que chaque personne finalement, aspire à vivre une vie agréable, en harmonie avec les autres. Et cet équilibre tient justement à cette idée que chaque personne ne fait pas aux autres ce qu’elles ne voudraient pas qu’on leur fasse. Cette logique mène à la paix.

C’est pour ça que ces préceptes de morale universelle sont importants : parce qu’ils sont pacifiques et visent l’harmonie entre les personnes.

Ne pas être « idiot moral »

Certains auteurs ont identifié un phénomène relativement nouveau dans les sociétés complexes ces dernières années : la montée de ce qu’ils ont baptisé « l’idiot moral ».

L’idiot moral, c’est la personne qui est apte, en santé normale, qui vit une vie assez ordinaire, mais qui n’a plus les réflexes moraux fondamentaux !

C’est souvent quelqu’un qui « laisse faire ». Donnons un exemple pour tenter de clarifier ce point.

Prenons l’exemple d’un médecin, qui prescrit aveuglément un médicament parce qu’un représentant pharmaceutique est venu lui assurer que le médicament était complètement sécuritaire et efficace, sans vraiment s’informer ailleurs, ni sans tenter de comprendre les mécanismes d’action du principe actif du médicament (ce qui traite la maladie) et des autres molécules (conservateurs, stabilisateurs, arômes, colorants…) Cette personne fait partie d’une chaîne plus grande qu’elle, et comme l’opération de « vérification » est théoriquement déléguée à quelqu’un d’autre, alors cette personne se déresponsabilise moralement face au problème. Cela reviendrait donc à dire : « Puisque je ne suis qu’un maillon d’une chaîne, alors ce n’est pas à moi de vérifier cela, alors je peux prescrire la conscience tranquille. » Or, si le patient décède parce qu’il lui a prescrit un médicament finalement dangereux, objectivement, il aura une part de responsabilité dans cette action mauvaise (la mort de quelqu’un).

Le phénomène de l’ « idiot moral » arrive donc dans une société où la responsabilité est tellement fragmentée par la division des tâches que chaque personne se dit « La faute ne m’appartient pas » alors qu’on se rend bien compte que la faute leur appartient quand même, mais divisée entre plusieurs. La faute est quand même là.

Ainsi, même si tout est délégué, divisé, il faut toujours faire l’effort de contre-vérifier ce qu’on fait, et sous-peser nos propres actions avec notre filtre moral, et le cas échéant, refuser carrément de participer à quelque chose qui engage nos actions dans une voie moralement inacceptable. N’oubliez jamais ceci : une voie moralement inacceptable ne peut pas satisfaire aux exigences de la morale universelle : Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse, et, si tout le monde le faisait, est-ce que la société pourrait continuer à exister ?

Ainsi, si on inverse les rôles entre patient et médecin : si le médecin devenait soudainement le patient, il souhaiterait énormément que son médecin fasse tout en ses capacités pour s’assurer de vérifier que l’action qu’il s’apprête à poser, soit de prescrire un médicament, ait passé par son filtre moral en profondeur…

Conclusion

Il nous apparaît que ces principes moraux sont essentiels au fonctionnement de toute société. En effet, si tout le monde commence à faire n’importe quoi en se foutant des autres, alors la société pacifique, harmonieuse, où femmes et hommes aiment vivre et évoluer, sera compromise. La morale universelle, comme on l’a dit, nous pousse naturellement, en recherchant notre propre bien individuel, à rechercher le bien des autres, et l’harmonie sociale.

Mais, c’est seulement en connaissant ces principes qu’on peut les appliquer. Maintenant que vous les connaissez, ou que vous les avez rafraîchis dans votre mémoire, à vous de jouer !

N.B. : Vous avez sûrement remarqué qu’il y a chaque jour des manquements aux fondements de la morale universelle dans la société, qui sont la plupart du temps peu graves : cracher par terre, etc. D'autres sont graves, comme les meurtres, etc. Ainsi, une société où la morale universelle serait parfaitement mise en action nous semble à peu près impossible. Pourtant, ce qui est possible, c’est vouloir collectivement tendre à la mise en action de ces simples principes fondamentaux de la morale universelle, le plus. Et cela passe par l’enseignement de ces principes, qui amènent la conscientisation et enfin leur mise en pratique.




S.V.P. Prenez dix secondes pour partager sur tous vos réseaux cet article. Le bouche à oreille, le partage, est notre seule méthode de diffusion. - Crier dans une forêt, seul, c'est l'équivalent de ne pas crier parce que personne nous entend. Partagez. Merci et bonne journée!



Retour au début du texte