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La modernité

Le sens du moderne

Posté dans Sujets de philosophie — le 29 novembre 2014

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La modernité est souvent désignée par la plupart du monde comme la période contemporaine, la période actuelle. Qu’est-ce qui caractérise ce qu’on nomme moderne ? Voici les idées qui sont la base de l’idée moderne, et ce qui la distingue de l’idée d’avant, la tradition. Voici donc l'origine du mot Moderne :

Du latin modernus, dérivé de modus (mode) (XVe siècle)

Cette origine du mot moderne tombe bien, parce que l’essence même de la modernité est l’idée vague de mode.

La mode est comprise en tant que segment temporel dans lequel quelque chose doit être contemporain, ou « moderne », puis que quelques années plus tard, cela devienne ancien donc à remplacer, parce qu’une nouvelle mode est arrivée : une nouvelle époque une nouvelle vague.

Ce qui fonde la modernité, ce qui est la pierre angulaire de la modernité et ce qui la différencie précisément de l’Antiquité ou de la période traditionnelle (l’Ancien régime en France par exemple), c’est l’idée de changement constant : d’une « mode » à l’autre. La modernité, c’est le remplacement sans fin du monde connu par « la nouveauté »

Rappelons-nous toujours cette phrase :

Toutes choses sont en travail au delà de ce qu'on peut dire; l'oeil ne se rassasie pas de voir, et l'oreille ne se lasse pas d'entendre. Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil. S'il est une chose dont on dise: Vois ceci, c'est nouveau! cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés. On ne se souvient pas de ce qui est ancien; et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard. –L'Ecclésiaste (Qôhèlet) chap. 1

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Tout ce qui existe existait déjà.

Donc, déjà la modernité est une période qui carbure à la nouveauté permanente. Il fallait mettre ce petit bémol en ce qui concerne l’idée de « nouveauté ».

Si la modernité est, en elle-même, un changement perpétuel, elle repose sur une idée qui fait sa force : cette suite de changements, de modes, a un sens : une perfection de la société elle-même. C’est la volonté, non plus fondée sur la doctrine religieuse, mais maintenant sur la raison, de perfectionner le monde dans lequel on vit.

C’est du moins l’idée qui est officiellement répandue parmi le peuple. La modernité : les pleins pouvoirs de l’homme sur sa propre société, vers les utopies (vers lesquelles on trace le chemin avec les grandes idéologies : libéralisme, communisme, socialisme, anarchisme, écologisme, etc.)

Historiquement, avec le développement de la modernité se sont développés dans le même terreau politique : le droit de vote démocratique, puis le capitalisme, et le progrès technologique sans limite.

Ce qu’il faut essentiellement retenir de la « modernité », c’est que c’est la période où le monde connu est en changement sans fin. C’est une grande et lente période de transition d’un monde qui allait « à la vitesse de Dieu », à un monde où la vitesse est plus rapide, mais où, on l’espère, l’optimisation du système fera en sorte de rendre la vie beaucoup plus facile aux êtres humains : hommes femmes et enfants et éventuellement aux écosystèmes et animaux.

La légitimité de la modernité a été d’être un progrès vers une vision utopique du monde : l’évolution vers un monde plus abouti, sage et plus parfait.

Certains parlent maintenant de postmodernité : l’Après moderne

État, condition de la société postmoderne, sortie, selon certains, des temps modernes depuis la chute du mur de Berlin en 1989, l'effondrement de l'URSS en 1991 et la fin des idéologies. –Wikipédia, nov. 2014

La fin des idéologies serait en quelque sorte, par extension, la fin des utopies. La fin de la volonté d’aboutir à une vision de plénitude, perfection et aboutissement final de la société en un système quasi-parfait, où tous peuvent s’épanouir dans un monde agréable en tous points.

Ce serait inévitablement sonner le glas de la modernité, faire raisonner la corne de brume d’un cri final, étant donné que l’idée de changement perpétuel n’est légitime que dans un contexte : changer tellement qu’une fois que tout est devenu parfait ou presque, ne plus changer.

Or, le monde post-1991 est un monde où le néolibéralisme grandit, les privatisations à tout va aussi, le saccage des État-nations providentialistes (qui offrent des services publics), la baisse du pouvoir d’achat, l’austérité… Avec la mondialisation qui embarque, avec les traités de libre-échange se multipliant, faisant naître le « village global ».

Peut-on ici parler d’utopie réalisée ? Si certains comme Francis Fukuyama ont parlé de la « fin de l’histoire »… on réalise, en tout cas au moins depuis le 11 septembre 2001, que l’histoire s’écrit à grande vitesse au vingt-et-unième siècle. La carte géopolitique du monde se redessine à grande vitesse, surtout au Moyen-Orient ces temps-ci.

Tout ceci pour dire que la modernité, on en garde encore des principes : le changement sans arrêt du monde connu, et la fondation sur la raison (une certaine raison) du système.

Mais l’utopie n’est pas au rendez-vous. Alors que faire ? Retourner à un cadre traditionnel ? Se vautrer dans le postmodernisme ?

Ou peut-être… reprendre là où on en était ? La modernité s’est arrêtée momentanément depuis 1990, mais ne serait-ce pas le temps de reprendre à bras le corps les idéologies ? De se refaire des chemins vers l’utopie ? Vers des grandes idées de perfection ?

En ce sens, il serait dangereux de chasser la modernité, parce qu’elle repose sur la raison, et que la seule limite à la raison, c’est l’homme lui-même. Et cette société rationnelle, il a le pouvoir de la créer et de la perfectionner sans limite.

Une logique traditionnelle, religieuse (donc doctrinaire : des dogmes, des idées qui ne peuvent pas du tout être remis en question car ils émanent de la grâce divine), n’offrirait pas cette possibilité de perfectibilité.




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