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Le bonheur

Ou plutôt, la vie bonne

Posté dans Sujets de philosophie — le 12 septembre 2015

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Chez la plupart des gens, le mot « bonheur » résonne avec force et est même une préoccupation quasi-philosophique. Le grand questionnement qui s’ensuit en pensant au bonheur est très souvent : « Suis-je heureux ? » « Que pourrais-je faire pour atteindre le bonheur ? » « Qu’est-ce que le bonheur ? » « Le but dans la vie est d’être heureux. »… Voyons-y de plus près.

« Bonheur »

Plusieurs seront surpris d’apprendre que « le bonheur » est une idée assez nouvelle dans les esprits. En effet, l’idée se serait développée principalement dans la lignée des révolutions inaugurant l’époque des démocraties modernes (vers 1780), et serait un héritage des philosophes des Lumières principalement.

Étymologiquement, on pourrait dégager automatiquement deux mots du mot bonheur : « Bon » et « Heur ». Cela a du sens puisque l’opposé du bonheur, le malheur se décompose en « Mal » et Heur ». Si on comprend bien bon et mal, que signifie « heur » ? Plus complexe, la racine étymologique de « heur » est le mot latin « augurium » ou en latin aussi « augur », qui renvoie à l’idée du « destin » ou du « sort ». Nous avons également constaté que le mot « heur » se rapproche étymologiquement du mot « heure » (unité de temps), alors nous utiliserons ce mot que tout le monde connaît (et qui nous sera utile ici). Nous allons y revenir.

Le bonheur : idée confuse et inatteignable

N’avez-vous pas déjà eu une impression de vide ou d’absence de sens en pensant au mot bonheur ? Vous tentiez alors peut-être de trouver un sens à « qu’est-ce qu’être heureux ? », ou comment atteindre ce fameux « bonheur » ? Plus on s’y attarde, et plus on dirait un concept marketing creux. Plus on dirait que ce mot, ne voulant rien dire de précis, devient un prétexte pour vendre des niaiseries. Vous n’êtes pas convaincu ? Regardez ceci…

Figure : Ceci est une publicité rencontrée dans la vraie vie. Un slogan d'une grande compagnie qui fait un usage étrange du mot bonheur: Ouvre du bonheur, Choisis le bonheur, Du bonheur pour tous...

Ainsi, on apprend sur le site de cette compagnie de boissons gazeuses que le bonheur serait ces petits moments de bien-être, le fait de se sentir heureux. Les petits moments de bonheur quotidien, donc.

Or, lorsque quelqu’un n’est pas heureux dans la vie, il est évident qu’il ne fait pas référence à ces petits moments quotidiens.

Ainsi, le bonheur serait-il devenu une espèce d’argument de vente? Ou encore pire, un arbre qui cache la forêt. Parce que derrière le mot « bonheur », il y a une conception d’avant… beaucoup plus charnue, et beaucoup plus signifiante : « la vie bonne ».

Non au « bonheur », oui à la « vie bonne »

La vie bonne se distingue fondamentalement du mot bonheur, en ce qu’elle repose sur des idées bien précisément identifiables.

Le principe fondamental de la vie bonne est le cadre de la vie. La vie bonne implique donc qu’une vie se maintient, s’épanouit, et se construit dans le temps et dans l’espace. Ainsi, on naît dénudé, on vit, puis on meurt en laissant tout derrière soi. Mais dans la vie, en passant de l’enfance à l’âge adulte, on apporte avec soi des outils pour se construire et construire sa vie bonne.

La vie bonne est une idée certes individuelle, mais également très collective.

La vie bonne implique :

- Un environnement pacifique et sécuritaire

- Un entourage affectif adéquat et assez fonctionnel

- Un cadre social propice aux échanges harmonieux

- Un cadre social assez égalitaire

- Un cadre social permettant à chacun d’acquérir de solides outils de la pensée afin de se libérer véritablement l’esprit

- Un cadre social qui permet aux individus une insertion sociale significative et qui n’est pas trop difficile

- (Ce cadre permettant ainsi à tous d’avoir accès à de la nourriture, des vêtements, et pouvoir vivre dans un logis)

- L’espoir dans la possibilité d’avoir des rêves positifs et réalisables

- Un système politique fonctionnel où chacun a une place qui lui rend une dignité

- Avoir la possibilité d’accéder à une transcendance (Dieu, spiritualité, etc.)

- Avoir une connexion avec la nature, et la nature profonde de l’individu que nous sommes.

Bien évidemment, dans cette vie bonne, il est possible de ressentir des moments de bien-être ça-et-là, lorsqu’on hume le parfum des fleurs, ou lorsqu’on se perd dans l’azur du ciel un après-midi d’été, ou lorsqu’on s’installe confortablement devant un chef-d’œuvre du cinéma…

Le seul hic pour « le système », c’est que la vie bonne implique que celui-ci soit modifié, car la vie bonne n’est pas seulement individuelle, elle est collective. Elle implique nécessairement un système social égalitaire, où chaque personne trouve du signifiant dans ce qu’elle fait, puis de l’accomplissement, et où chaque personne « brisée » (psychologiquement traumatisée, déprimée, complètement laissée pour compte) soit véritablement aidée. Car voici : comment pourrait-on être véritablement heureux quand on sait que certains de nos concitoyens dorment dans la rue, n’ont absolument personne et n’ont pas pris de douche depuis 1 mois, en se maintenant dans un état de conscience douteux et déplorable. On ne peut pas prétendre être heureux lorsqu’on voit des gens quasi-crever assez proche de chez nous, à moins de se prétendre d’une race supérieure ou être d’une grande insensibilité.

Pour conclure : le bonheur n’existe pas

Revenons maintenant à l’étymologie du mot « bonheur ». On pourrait comprendre que le mot « bonheur » sont les mots « Bon » et « heure » ensemble, et ça aurait du sens. En effet, le bonheur serait tout simplement d’avoir, sporadiquement, une heure (ou quelques minutes), qui s’avèrent bonnes, voire excellentes. Un grand moment de bonheur. Une bonne heure. Mais c’est tout. Une autre idée du bonheur, très répandue, serait celle selon laquelle lorsqu’on a atteint le bonheur dans la vie, on serait heureux, et c’est tout. « Ça y est, j’y suis arrivé : je suis finalement heureux. Mission accomplie. » Cela est impossible. La vie bonne quant à elle, peut bel et bien être vécue, et être très gratifiante lorsque l’on parvient à rassembler le plus grand nombre des critères exposés ci-haut.

Néanmoins, terminons tout de même dans une posture existentialiste, en rappelant tout de même que… le bonheur n’existe pas ; même chose pour la vie bonne. Même si la vie bonne peut exister pendant une période, il ne faut pas oublier que la vie n’est qu’un très court passage. Ainsi, la posture existentialiste face à la mort, inspire la nausée ou le vertige. En effet, l’angoisse primordiale de toute vie, c’est que la vie se terminera. Or, construire une vie bonne, c’est le plus beau et le plus valide des projets, mais en n’oubliant pas qu’elle s’en sera allée en quelques décennies.

C’est à cause de cette angoisse primordiale que le bonheur authentique, que la vie bonne définitivement achevée et perpétuelle, ne peut pas exister.

Sauf si… sauf si la transcendance de la foi en l’au-delà permet de rattacher cette vie bonne terrestre à un amour divin. Il est effectivement possible que ceux qui aient la foi, et la foi dans l’amour éternel, puissent finalement surmonter l’angoisse primordiale de la mort et trouvent le vrai bonheur, c’est-à-dire : la « vraie » vie bonne.




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