Il y a une immense proportion des gens qui croient qu’un secret est tôt ou tard dévoilé, peu importe son ampleur ou son importance. C’est souvent d’ailleurs un « argument » lancé à la face des gens qui défendent l’idée qu’il existe des secrets importants résumé en ces mots : « Comment des milliers de personnes pourraient-elles garder un tel secret ? Les langues finiraient par se délier et ça se saurait. » Prenons quelques instants afin de mieux comprendre la notion de secret dans le cadre de la société.
Secret personnel et secret collectif
La notion du secret est habituellement comprise comme si tous les secrets ressemblaient à un secret personnel. Un secret personnel est un secret qui touche une personne ou quelqu’un de son entourage. Ainsi, on parle souvent de secret lorsqu’on dévoile une information choquante, ahurissante, ou en tout cas socialement mal acceptée. Ainsi, on demande à la personne qui reçoit le secret de ne pas l’ébruiter parce que ce ne serait pas correct. En rendant l’information du secret publique, le pire qui est envisageable la plupart du temps est la fin de la relation en question (d’amitié, parfois même familiale). Les secrets personnels sont donc assez souvent violés, et l’information est transmise, et les gens sont mécontents. Les secrets de familles font partie de ces secrets.
Le secret collectif est tout autre, premièrement car il est totalement différent en sa nature, et car il implique un arsenal de précautions et de conséquences tout à fait différentes. Le secret collectif est un secret qui implique une entreprise, une institution, voire parfois une société au grand complet. Les secrets collectifs sont : les secrets d’État (secrets défense), les secrets d’entreprise, les secrets des sociétés secrètes…
Les secrets d’État ou secrets défense sont des secrets qui sont divulgués à des personnes sélectionnées selon des critères très stricts d’obéissance, de réponse aux normes sociales et de capacité d’intégration et d’appartenance à des groupes. Qui plus est, ces personnes sont mises au secret par échelon (certains degrés de secrets existent, donc par exemple niveau 1 Secret, niveau 2 TOP Secret, etc.), et chaque personne mise au secret a signé un contrat de non divulgation et s’est faite « briefer » au sujet de la raison d’extrême importance de garder cette information secrète, et que l’information elle-même est tout à fait bénéfique pour la sécurité de la population en général, même si l’information en question peut sembler être le contraire du bien à prime abord. Lorsqu’on parle de conséquences de trahison du secret dans les institutions militaires, on parle potentiellement d’exécution, donc de mort. Pour un militaire, trahir un secret défense peut être puni de mort, ou alors de la fin de la carrière tout simplement, ce qui signifie la perte de son salaire et le début d’ennuis financiers.
Les secrets d’entreprise sont du même acabit que les secrets défense, excepté pour l’exécution, quoi que certaines entreprises peuvent aller très, très loin.
Autrement, certains secrets sont liés aux normes sociales d’une société. Nous donnerons deux exemples à ce sujet qui vous feront assurément prendre conscience de la capacité à des groupes humains à la rétention d’information.
Le premier secret collectif en vigueur dans le monde occidental est de faire croire aux petits enfants (ça marche jusqu’à environ 5-6 ans) que le « Père Noël » existe vraiment. Une grande proportion des enfants croient à cette supercherie, jusqu’à temps que les parents, un jour, divulguent l’information secrète : le Père Noël n’existe pas. Et l’enfant est triste, puis accepte plus ou moins rapidement.
Ceci dit, ce secret collectif est imprégné dans les mœurs, et il fonctionne. C’est-à-dire qu’un groupe social réussit à retenir cette information pendant les premières années de la vie de ces enfants, et ces enfants sont donc coupés de la vérité que renferme le secret, à ce sujet. Nous ne sommes pas en train de dire si c’est bien ou mal, nous constatons simplement que c’est un cas de rétention d’un secret collectif qui est réussi.
Deuxième exemple occidental, concernant maintenant les enfants jusqu’à l’âge d’environ 11 ans cette fois-ci. La sexualité est du domaine des adultes et donc en Occident, en majorité, les adultes gardent secrète l’information qui dévoile comment on se reproduit vraiment. On utilise des détours avec les abeilles qui butinent, les cigognes qui déposent les bébés devant la maison le matin, etc. Or, le secret collectif est donc, dans la très grande majorité des cas, effectif. C’est-à-dire que jusque vers l’âge de 11 ans pour la plupart des cas, les enfants n’ont aucune idée de la façon dont deux personnes font un bébé biologiquement. Nous ne sommes pas en train de dire si c’est bien ou mal, nous constatons simplement que c’est un cas de rétention d’un secret collectif qui est réussi.
Les mécanismes de désactivation de la propagation en cas de divulgation de secrets
- Ridiculiser celui qui a dévoilé un secret
- Acheter celui qui a dévoilé un secret afin qu'il se ravise
- Ne pas du tout parler de cette information dans les médias en se disant qu’elle finira par passer
- Monopoliser un « panel d’experts » choisis qui viendront contredire et vilipender l’information du secret, et décrédibiliser celui qui a dévoilé le secret
- Tout faire (subtilement) pour que celui qui a dévoilé le secret perde sa visibilité médiatique au maximum s’il en avait une.
Les mécanismes de renforcement positif du secret
- Convaincre le porteur du secret qu'il fait partie d'un très petit groupe d'élus, qu'il a été choisi
- Convaincre le porteur du secret que son action est, au final, très bénéfique.
Conclusion
Les secrets personnels sont beaucoup plus facilement divulgués que les secrets collectifs. Les secrets collectifs sont beaucoup plus importants et beaucoup mieux protégés par des mécanismes de blocage à l’entrée (sélection de ceux qui recevront le secret) et des blocages à la sortie (mécanismes de contrôle de la divulgation non-souhaitée du secret dans des techniques de décrédibilisation auprès du public, etc.) Cet article répond donc à la question : « S’il y avait un tel secret, il faudrait qu’il y ait des milliers de personnes impliquées et donc, il finirait par sortir au grand jour », nous venons vous donner la réponse : la grande majorité des gens ont été sélectionnés justement parce qu’ils ont rempli les critères qui faisaient d’eux des gens capables de garder un secret, puis qu’en cas de divulgation, des techniques existent (qu’on voit souvent dans les médias, d’ailleurs) qui consistent à rendre une information qui devrait être vue comme ayant une grande importance, complètement ridicule, secondaire voire… insignifiante. Finalement, disons simplement que : les secrets existent, et il importe d’être aux aguets, et de ne pas décrédibiliser les « whistle blowers » (lanceurs d’alerte) sur toute autre base que l’idée de possibilité de ce qu’ils avancent, comme on le mentionne dans la clé de compréhension « Possible ou Probable ».
Bonus : Pourquoi fonctionner en secret ?
Les secrets collectifs, notamment militaires ou d’entreprises, existent souvent parce que travailler en secret permet certains avantages tactiques en ce qui a trait aux coups d’avance qu’on peut alors développer sans que l’ « ennemi » (ou le concurrent) soit au courant. Cela peut aussi être utile, voire indispensable, dans toutes les formes de complots, renversement de régimes ou coups d’État… Puis, lorsqu’on travaille en secret, on peut toujours dire que « ça n’était pas nous », ou alors on n’a pas de compte à rendre à la population, qui pourrait dire « Non » au projet, le connaissant.