Les grandes causes
Dont les effets sont les « petites » causes
Posté dans Clés de compréhension — le 17 juin 2015
Le principe des grandes causes, en étude des causes (l’étiologie en philosophie) est une idée extrêmement importante, et permet de s’économiser beaucoup d’efforts dans la réflexion. Nous expliquerons brièvement pourquoi.
Qu’est-ce qu’une cause ? Et la « causalité » ?
Très souvent, une action posée dans la réalité entraîne une réaction. Parfois, on peut observer un événement se produire, sans vraiment comprendre pourquoi il se produit. Lorsqu’on pose la question : « Qu’est-ce qui a fait se produire cet événement ? Pourquoi cela s’est-il produit ? », on pose l’événement comme un effet d’une cause que l’on essaie de comprendre et de trouver.
D’où le schéma : Cause(s) -> Effet(s).
Ainsi, lorsque l’on tente de comprendre une situation dans la réalité, on tente souvent de trouver une causalité, car, si l'on trouve la cause et on modifie son efficacité, on peut modifier l’intensité des effets, les amplifier ou les annuler. Prenons l'exemple de la fièvre. Lorsqu’on a découvert les microbes, on a pu comprendre que certaines fièvres étaient causées par ceux-ci. La fièvre était un effet d’une cause : cette cause étant l’intrusion microbienne dans l’organisme, qui fait augmenter la température interne afin de tuer les microbes. La causalité a donc un caractère explicatif de l’avènement de l’effet, et de la façon de contrôler son occurrence.
Un autre exemple pourrait être : lorsque je lâche une pomme dans le vide, elle tombe sur le sol. La cause de cet événement est la gravité, et l’effet est que la pomme est entraînée sur le sol. Une autre cause de cet événement est que j’ai lâché la pomme. Il peut donc y avoir plusieurs causes à un effet. Toutefois, il arrive que certaines causes soient les grandes causes d’autres causes.
Qu’est-ce donc, une « grande » cause ?
La grande cause est différente de la cause normale, dans le monde réel. Si une cause produit un ou des effets, une grande cause, elle, produit des causes. Ces « petites » causes, à leur tour, produisent des effets.
C’est donc un schéma différent, soit : une Grande Cause -> Cause(s) -> Effet(s).
Ainsi, lorsqu’on réussit à identifier une grande cause, on peut contrôler ses « petites » causes, et les effets de ces « petites » causes.
Donnons un exemple :
Grande cause : La logique capitaliste (Argent-Marchandise-Argent’)
-> Cause : Croissance obligée et infinie
-> Effet : Déforestation de la planète
En contrôlant ou modifiant la grande cause, on contrôle également la cause, et son effet.
Donnons un autre exemple :
Grande cause : La logique capitaliste (Argent-Marchandise-Argent’)
-> Cause : Croissance obligée et infinie
-> Effet : Surpopulation de la planète
En contrôlant ou modifiant la grande cause, on contrôle également la cause, et son effet.
Dernier exemple :
Grande cause : Inégalités sociales
-> Cause : Conditions précaires de vie et pauvreté favorisant la formation de groupes violents
-> Effet : Crimes
En contrôlant ou modifiant la grande cause, on contrôle également la cause, et son effet. Ainsi, en donnant assez à tout le monde leur permettant l’inclusion sociale, l’accès à une vie (et non une survie précarisée), on élimine les conditions qui poussent les gens au crime, donc : pas de crime.
Conclusion
En tant qu’observateur de la société, on peut régulièrement constater que des gens se battent pour des « petites » causes, alors que certaines de ces causes sont les acolytes d’autres causes, toutes causées par une seule et même grande cause. Or, les gens qui luttent contre ces « petites » causes ne voient pas, ou parfois ne veulent pas voir, que s’ils s’occupaient tous de la grande cause qui cause leurs « petites » causes, les petites causes dont ils souhaitent contrôler les effets s’effaceraient toutes d’un seul coup! Ainsi, ils deviendraient réellement efficaces et le monde avancerait, sans perdre plus de temps.
On pourrait résumer l’article avec cette phrase : « S'attaquer aux petites causes sans penser aux grandes causes, c'est comme essayer de faire disparaître la poussière à côté d'une mine de charbon, tout en gardant la mine de charbon en activité. »
Vaut mieux ainsi toujours se demander si, derrière une cause, il n’y aurait pas une grande cause qu’on aurait négligé d'envisager.