La crédulité
Parfois, ils se foutent de nous à notre insu
Posté dans Clés de compréhension — le 22 juillet 2015
La crédulité est extrême en des temps où l’éducation réelle est sabordée, car l’éducation réelle passe forcément par un cogito aiguisé et solide, et donc, un sens critique et de remise en question fort. La crédulité, c’est la tendance à croire trop facilement ce qu’il est dit, sans s’imaginer que ça pourrait être erroné ou mensonger. Et cette crédulité est partout, tout le temps, autour de nous à notre époque. Elle touche presque tout le monde. Voici quelques exemples.
Les livres mentent eux-aussi
Plusieurs personnes ont tendance à croire que le format (la forme) seul assure de la fiabilité d’une source d’information ! En effet, on entend souvent dire qu’une source, par exemple, qui viendrait d’Internet est automatiquement moins fiable qu’une source publiée en livre.
Soyez-en sûrs, nombreux sont les livres qui sont des tissus de mensonges ou d’erreurs. Il arrive que certains livres soient erronés involontairement. Il arrive, cependant, que certains livres soient erronés de façon tout à fait délibérée, donc volontairement.
La question de base, quand un auteur écrit un document, qu’il soit un livre, un article, un texte, même sur Internet, c’est la question de la motivation. Qu’est-ce qui anime l’auteur quand il écrit le document ? Est-ce que c’est le bien de son prochain ? Ou est-ce que c’est orienter, instrumentaliser, les pensées et les actes de son prochain ? Dans ce domaine-là, plusieurs réponses et hypothèses sont possibles.
Quoiqu’il en soit, il est important de se rendre compte que ce n’est pas tous les auteurs qui écrivent des textes, ou des livres, qui ont votre bien-être à cœur !
Parfois, même, on se fout complètement de vous ! L’auteur peut même écrire son texte en sachant que c’est de la merde intégrale, en riant de vous et votre crédulité quand vous allez lire son texte, et y croire !
Les livres, et aussi, les théories
Les livres sont parfois coupables, mais les idées également. Une théorie peut être, comme on l’a dit dans l’article sur « La Vérité », erronée, mensongère ou inexacte parce qu’elle fonctionne par la dissimulation d’information (donc connue mais occultée). Certaines théories, donc, sont absolument de la merde.
Pourtant, dans notre monde actuel, cette idée n’est pas évidente pour une raison bien simple. C’est que : à tort, la validité des théories les plus massivement crues est d’abord rattachée non pas à la validité de la démonstration de ces théories, mais à l’aura de « figure d’autorité » de l’individu qui porte ces théories.
Ainsi, si Adam Smith a dit quelque chose il y a 240 ans, étant donné que c’est Adam Smith qui l’a dit, c’est sûrement valide.
Si le « bizarroïde du fin-fond du Grand Nord, un peu ermite » dit quelque chose, automatiquement, c’est considéré moins valide par le commun des mortels.
Donc, sachez ridiculiser n’importe qui d’avance
Que ce soit Adam Smith, Karl Marx, Voltaire, René Lévesque, l’IEDM, l’IRIS, le CNRS, le gouvernement, l’ONU et ses organes, n’importe quel « scientifique », Kant, Descartes, Rousseau, n’importe qui, sachez prendre de la distance de leur « aura d’autorité ». Dites-vous que tous humains qu’ils furent, ils n’eurent pas la vérité infuse. Faillibles, ils ont certainement connu l’erreur, et certains ont même menti très probablement.
Ainsi, partez avec le postulat de départ suivant quand vous abordez un livre, un texte sur Internet, ou n’importe quelle autre source, faisant « autorité » ou pas :
« Peut-être que cette source est complètement biaisée, ou mensongère, ou qu’au contraire, on nous dit qu’elle est mensongère mais elle est véridique »
Osez considérer les idées pour des idées, et sous-peser leur validité selon ce qu’elles ont de réel, plutôt que selon qui les dit.
Bonus : Des exemples dans l’art
L’art visuel ne fait pas exception dans le domaine des impostures ou de la crédulité. Combien de fois a-t-on entendu dire la magnificence d’une toile carrée absolument blanche, noire, brune, rouge ; de la profondeur, de l’idée de génie, de la grande émotion artistique que cela représente pour « celui qui sait »… Ou encore, en musique, lorsque l’on pense à certaines musiques atonales, on comprend qu’il y a, de manière sous-jacente, le concept des « figures d’autorité » pour nous faire accepter d’emblée que ce que nous entendons n’est pas purement de la merde, mais plutôt : du grand art.
Pensons au maintenant mythique urinoir renversé baptisé « Fontaine » de Marcel Duchamp… du grand art ? ou peut-être une façon de rire des braves gens en leur disant que c'est de l'art.
Conclusion
Ce court article avait donc un but : vous faire prendre conscience, si ce n’était déjà fait, qu’un livre peut ne pas du tout être fiable, qu’un magazine pareil, et que la vérité peut, parfois, se trouver dans des racoins d’Internet, et ce, pour toutes sortes de raisons de motivations à l’écriture, comme on l’a dit dans la première section dans l’article présent.
Faites-vous confiance, surtout ! Si ce que vos oreilles vous disent lorsque vous entendez du « grand art » que c’est purement de la merde, après avoir donné tout de même le bénéfice du doute à la chose, n’oubliez pas que c’est peut-être… qu’on se fout de vous sans vous le dire en pleine face.
Dans les livres, les textes, Internet, la musique, les arts visuels, surtout contemporains. Gardez-vous toujours cette éventualité à l’esprit !
C’est une clé de compréhension de la réalité qui devient fort utile lorsqu’on l’a, et qui nous évite, lorsqu’on est confronté à de la merde, à bien des efforts de compréhension d’un phénomène ; efforts qui s’avèrent inutiles au final puisque l’intention de la personne était tout simplement de se jouer de nous, et que donc tout effort de compréhension plus profond que savoir que c’était du « bluff » devient simplement vain. Ou alors, la question qui se poserait est celle-ci : « Pourquoi avoir voulu nous bluffer, se jouer de nous, ou se foutre de nous carrément ??? »
Cette question est probablement la bonne.